La galerie lilia ben salah est heureuse de présenter Let's Dance !, la deuxième exposition personnelle de l'artiste franco-algérienne Zoulikha Bouabdellah, du 1er février au 23 mars 2024. Vidéaste et artiste plasticienne, Zoulikha Bouabdellah est diplômée de l'École des Beaux-arts de Paris-Cergy (2022). Née à Moscou en 1977, elle grandit à Alger et s'installe en France à l'âge de 16 ans. Elle vit et travaille actuellement entre Paris et Casablanca. Son œuvre convoque les icônes, les représentations dominantes, notamment celles des corps féminins et masculins, confrontées aux dynamiques sociopolitiques. Cette exposition dévoile un ensemble de peintures inédites caractérisées par des aplats de couleurs vives, des lignes et des images frontales de corps fragmentés et de formes imaginaires et symboliques. Le travail de Zoulikha Bouadbellah affectionne l'esthétique du fragment et renvoie à l'éclatement de la perception et des lois canoniques de la représentation. Dans ses compositions, le corps est « sublimé, mutilé, tatoué, éprouvé, désiré, déshabillé, voilé : le corps est poésie ».

 

Let's Dance!

 

« Sublimé, mutilé, tatoué, éprouvé, désiré, déshabillé, voilé : le corps est poésie.  

 

Vous pouvez agir sur le corps, qu'il soit le vôtre ou celui d'un autre, qu'il soit vivant ou mort, enterré ou gisant, en gestation ou en décrépitude, il abritera les images passées, présentes et à venir de l'intimité.  

 

Il est une maison poétique faite de chair, d'os et de sang. Ce corps possède des espaces privés et d'autres secrets, des côtés cour, jardin ou rue, corps central et extensions, des fonctions vitales et d'autres superficielles.  

 

Comme la maison, il sent bon ou mauvais.  

 

Avec la toile Diane (2023), je paraphrase Gaston Bachelard en faisant de l'image du corps la topographie de notre être intime. Lui suggère, moi je l'affirme, grâce à l'exercice lui-même : celui de faire du corps un objet et sujet à la fois. Le prendre, le tordre, le regarder encore, le fixer… 

Vingt-quatre paumes ne font pas un homme, contrairement à ce que prétendaient les Anciens, comme si tout était une question de mesure. Les moyens pour cacher un corps sont nombreux. En peinture, on peut ne pas le figurer, le confondre dans les plis d'un voile, le coincer, justement, entre la première et la vingt-quatrième paume d'une main.  

 

En revanche, épouser la cause du corps exige de se démesurer, de se dévêtir des règles et, au minimum, de l'incarner, le vivre, le sentir, le pénétrer. L'art permet de le faire pacifiquement, sans blessure ni douleur. Il permet de faire vivre un corps et de le tuer. 

 

C'est son pouvoir.

 

Retourné, plié, déchiré. Avec la série Jeu de Jambes (2023), le corps n'obéit plus à la symétrie. Il adopte d'autres lignes, d'autres tracés. Il s'équilibre hors de la prescription. Ce n'est pas la nudité que j'examine mais les termes qui la définissent, coincée entre la liberté et la beauté, comme une assignation à résidence.  

 

Le Soldat (2023) prolongent le travail que je mène depuis 2015 avec les séries de découpages cousus, Fil rouge. Il y est question de déstructurer le corps, de le dynamiter.  

 

C'est un retournement de l'histoire du rôle et de la place des femmes dans l'histoire officielle de l'art : elles ne sont plus à l'image de la vision qu'en ont les hommes, elles sont de véritables consciences.  

 

C'est en cela que la nudité est libre, et sa définition de la beauté peut s'expliquer. »

 

Zoulikha Bouadbellah, Janvier 2024